Quels accessoires choisir pour votre instrument ?

Introduction :

Si l’instrument constitue une part indispensable de l’équipement d’un astronome amateur, les accessoires ont aussi une place essentielle. Absolument nécessaire dans certains cas ou permettant de réelles améliorations dans d’autres ils permettent de mieux voir, avec plus de détails ou d’ajouter davantage de confort lors de l’observation.

Découvrez les accessoires les plus courants dans ce descriptif et n’hésitez pas à nous contacter… il est impossible d’être exhaustif sur le sujet.

Sommaire

Les oculaires ?

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Photo : la fantastique gamme Ethos de Tele Vue

Sans eux… aucune observation possible ! L’oculaire permet d’observer à travers un instrument astronomique. A ne pas confondre avec l’objectif sur les appareils photo (ils ont des rôles différents), l’oculaire grossit l’image produite par la lunette ou le télescope.

Il est composé de diverses lentilles, plus ou moins espacées, dont le nombre, la forme, la qualité de polissage déterminent sa qualité et performances. De nombreuses gammes existent présentant des caractéristiques différentes.

La plupart des télescopes et lunettes sont livrés avec des oculaires afin que l’observateur puisse démarrer ses premières observations. Cependant pour proposer des prix attractifs, ces oculaires sont de faible qualité. Il est ainsi fortement recommandé à la fois d’augmenter votre quantité d’oculaires et leur qualité.

  • A moins de 30€ : Les oculaires sont généralement du même type/qualité que ceux fourni avec votre instrument. 
  • Entre 30€ et 50€  : C’est dans cette tranche que l’on trouve les premiers oculaires pour compléter votre gamme (idéalement 3, 4 grossissements)
  • Entre 50€ et 200€ : On entre dans le moyen de gamme avec un champ apparent plus grand et une bien meilleure qualité optique (meilleure définition, piqué de l’image). 
  • Au-delà de 200€ : Le top ! Boostez nettement les performances de votre instrument. Gagnez nettement en champ d’observation, disposez d’une planéité parfaite, d’un contraste et d’une définition maximale. Les oculaires haut de gamme sont les plus plébiscités par nos clients. Plus facile à revendre aussi, ils sont un achat à long terme parfaitement rentable. Avec la satisfaction d’utiliser le meilleur.

Ce schéma permet de mieux comprendre les termes techniques pour décrire un oculaire et ainsi mieux le choisir.

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Schéma montrant le principe d’utilisation d’un oculaire @Credits : Luxorion

  • La distance focale (f2) : c’est l’information la plus importante. Le « nombre » qui accompagne chaque oculaire. Plus celui-ci est petit, plus le grossissement et les détails sont importants. Plus le champ (zone d’observation sur le ciel) est faible. La focale est fixe sur les oculaires astronomiques et s’étend généralement de 2.5mm à 55mm.
  • Le coulant : c’est la « largeur d’entrée» de l’oculaire. Il existe 2 formats standards : 31.75mm et 50.8mm (pour les gros oculaires). Le 31.75mm est majoritairement utilisé, mais le 50.8mm est nécessaire si vous cherchez un maximum de champ d’observation (les lentilles utilisées étant nettement plus grandes).
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Vue en coupe d’un oculaire type Plössl

  • Le grossissement : C’est simplement le rapport G=Focale instrument/Focale oculaire soit 75x pour un  Newton de 750mm et un oculaire de 10mm (750 divisé par 10). Il est conseillé d’avoir 3 bons oculaires : Un moyen (oculaire autour de 10-18mm), un fort (oculaire inférieur à 10mm) et un faible (oculaire supérieur à 20mm de focale). La limite max (à simple titre consultatif) est souvent de 2x « le diamètre de l’instrument ». Soit 400x pour un 200mm. Cela dépend de la qualité de l’oculaire, de l’instrument, de la turbulence atmosphérique…
  • Le champ apparent : Autre donnée importante. C’est « l’angle d’ouverture » de l’oculaire. Plus il est important, plus la zone d’observation sera grande. Il est généralement compris entre 43° et  100° voire 110° !  C’est un critère important, dont dépend souvent le prix de l’oculaire.

Simulation de la vision de la Lune à travers de 2 oculaires avec 2 champs apparents différents

  • La pupille de sortie : C’est la « taille » du faisceau lumineux produit par le couple instrument/oculaire. Il est important que la pupille de sortie ne soit pas plus grande que la pupille de votre œil (généralement entre 5,5mm et 6mm chez un adulte). Cela n’apporte rien si elle dépasse 6mm, engendrant perte de contraste et du vignettage (obstruction). C’est une donnée rarement prise en compte et pourtant importante. Elle se calcule facilement : P=Focale de l’oculaire/Rapport de focale de l’instrument. Soit P=5mm pour un oculaire de 25mm et un Newton ouvert à f/5.
  • Le relief d’œil : c’est la distance entre la dernière lentille, et la position de l’œil. Plus cette distance est grande, plus le confort d’observation est important. L’observateur, peut même utiliser ses lunettes.

Comment choisir un oculaire ?

Face à la constellation de gammes et de modèles privilégiez les oculaires les plus renommés. Le test dans un club ou une star-party est un gros plus, dans le cas contraire, basez-vous sur les tests de magazines ou la notoriété de l’oculaire que vous ciblez.

Tentez de construire une gamme de 3 voire 4 oculaires sur le long terme, en vous équipant progressivement. Souvent la combinaison 5mm / 15mm / 25mm revient, elle couvre tous les grossissements sur la quasi-totalité des instruments. Le haut de gamme est recommandé, car vous aurez à la fois un oculaire de très bonne qualité (définition, piqué, et bord de champ sans aberration) et en même temps, en cas de revente, une faible décote (paramètre à prendre en compte).

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Photo : Gamme d’oculaires Sky-Watcher 82° avec valise

  • Si vous cherchez un oculaire de faible focale, entre 2,5 et 8mm (forts grossissements), optez pour l’une des gammes suivantes dont la définition/contraste sont élevés (Tele Vue Plössl, Delos ou Takahashi LE, Abbe).
  • Idéal : sur les cratères lunaires, Jupiter, Mars, Saturne et les nébuleuses planétaires (souvent de petites tailles)
  • Pour les grossissements moyens (focale de l’oculaire compris entre 10 et 18mm), investissez un budget maximal. C’est l’oculaire que vous utiliserez le plus souvent en raison de sa polyvalence. Il dispose à la fois d’un champ important, tout en permettant de voir de nombreux détails. Optez pour un champ apparent de 82, 100 voir 110°. Les gammes Tele Vue Nagler, Ethos, Pentax XW ou Kepler XWA sont à privilégier.
  • Idéal : sur tout le planétaire, le Soleil, les amas globulaires, les nébuleuses et les galaxies brillantes
  • Enfin pour les faibles grossissements, oculaires dont la focale dépasse les 20mm, faites le choix déjà du coulant. Le 31.75mm pour rester avec le même coulant que vos oculaires de petite et moyenne focale (et ainsi utiliser un seul même filtre interférentiel UHC/O-III) ou du 50.8mm pour obtenir un maximum de champ. La gamme TeleVue Panoptic est parfaite en 31.75mm, ensuite en 50.8mm les gammes Pentax XW, Sky-Watcher UWA et les fantastiques Tele Vue Ethos.
  • Idéal : sur  la Lune en vision large, le Soleil, les nébuleuses et galaxies faiblement lumineuses

Le renvoi-coudé ?

Indispensable sur les télescopes type Cassegrain et les lunettes, le renvoi-coudé est un élément à ne pas négliger dans le choix de vos accessoires. Il fait le lien entre l’instrument et l’oculaire… il est nécessaire que sa qualité soit en cohérence avec le reste de votre matériel.

Il est en effet des fois dommage de trouver des utilisateurs ayant investi dans de très bons oculaires… mais ayant gardé le renvoi-coudé d’origine.

Chaque instrument (sauf les Newton/Dobson) est généralement livré avec un renvoi-coudé pour permettre à l’utilisateur d’observer avec plus de confort. L’image est orientée à 90° vers le haut, alors que le faisceau incident pointe (pour les instruments astronomiques naturellement orientés vers le ciel) en bas. Il est doté d’un simple miroir réfléchissant… cependant 2 critères sont à prendre en compte : la qualité de polissage du verre et la quantité de lumière transmise.

Pour des raisons de coûts, le renvoi-coudé d’origine (et les autres accessoires livrés) est de qualité moyenne (pour limiter le prix total de l’instrument). Nous conseillons donc de le changer.

Diélectrique ? Quartz ? Enhanced ? Everbrite ?

Quelques termes techniques « étranges » qualifient les différents modèles de renvoi-coudé. Il existe principalement  2 gammes (Enhanced et Diélectrique). Il est important de noter que les fabrications asiatiques sont désormais très concurrentielles des modèles haut de gamme.

Autant sur les instruments et oculaires, le haut de gamme présente un vrai plus, autant sur les renvois-coudés, la qualité atteinte par les fabrications GSO/Kepler et Sky-Watcher est très correcte.

Il est important d’éviter les modèles à prismes d’entrée de gamme (générateur d’aberrations chromatique et sphérique) au profit des miroirs plans dont le verre est généralement en Pyrex ou Quartz. Les modèles en Quartz se distinguent par un coefficient de dilatation thermique plus faible.

La forme du verre varie moins au cours de la nuit suivant les écarts de température. Quant à la qualité de polissage, elle atteint généralement lambda/10 sur les modèles Enhanced et Diélectrique.

  • La première gamme (Enhanced) est composée des modèles avec traitement en aluminium à 96% de taux de transmission. L’aluminure déposée est de qualité supérieure (« Enhanced » – améliorée) au renvoi coudé d’entrée de gamme. Le gain est spectaculaire, la différence vraiment notablement. La luminosité (sur tout le spectre) est augmentée ainsi que le contraste. C’est un vrai boost pour votre équipement !
  • La deuxième gamme (Diélectrique) est ce qui se fait de mieux. Ce terme indique qu’aucun traitement métallique (comme l’aluminium) n’est inclus. Le revêtement déposé est constitué d’une dizaine de couches minces d’oxyde de silicium et titane sous vide à 250° offrant à la fois une réflectivité de 99% et une durée de vie plus longue. Développé à la base par l’armée américaine pour protéger ses optiques du sable et de la poussière, ce type de traitement est plus résistant que le verre qu’il protège ! Aucun risque de rayure (mécanique) ou dégradation (chimique) et surtout la réflectivité est conservée, même après 10 ans (alors qu’une aluminure chute souvent sous les 90% et doit être refaite).

Niveau mécanique les différences sont faibles. Il y a 3 entrées possibles. Le 31.75mm et le 50.8mm, généralement dotés de filetage pour y positionner des filtres. Le 50.8mm est recommandé car le plus polyvalent. Il permet d’accueillir tous les oculaires, et en y vissant un filtre 50.8mm vous changer d’oculaire aisément… sans visser, dévisser le filtre à chaque fois. Pour les possesseurs de Schmidt-Cassegrain une entrée SCT est aussi disponible chez certains fabricants.

Au niveau de la sortie privilégiez les modèles disposant d’un serrage annulaire. Un anneau métallique est inclus où s’appuient 1 ou 2 vis de serrage. Ainsi vous n’abîmez pas vos oculaires… et le serrage est mieux reparti (pas de risque de « décentrage »).

L’entretien est simple et à faire 2-3 fois seulement dans l’année avec une bombe à air sec. Attention : Les renvois-coudés ne sont pas compatibles avec les Newton/Dobson (les quelques centimètres qu’ils rajoutent empêchent de faire la mise au point).

A noter : tous les renvois-coudés redressent l’image correctement dans le sens haut-bas (à la base tout est inversé dans un instrument optique). Mais rien ne change dans le sens gauche-droite. Pour ce faire il faut un système complexe de prisme comme ceux intégrés dans les longues-vues ou jumelles.

Les lentilles de Barlow :

Développée  en  1834 par Peter Barlow, cette célèbre lentille est l’un des accessoires qu’on retrouve le plus souvent chez l’observateur ou l’astrophotographe amateur. La lentille de Barlow permet de multiplier artificiellement la distance focale d’un instrument pour obtenir des grossissements plus élevés.

Son facteur de multiplication varie généralement de 2x à 5x. C’est un doublet divergent qui équipe la plupart des modèles existants. On trouve désormais des triplets et les célèbres Tele Vue PowerMate sont dotées d’un quadruplet (deux doublets exactement). Bien que pendant longtemps considérées comme diminuant la qualité optique, les Barlows sont désormais quasiment invisibles. Elles n’induisent pour la plupart aucune aberration chromatique et un traitement antireflet multi-couches classique n’engendre que 0,4% de perte de luminosité.

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Jupiter en 2015 par Patrick Antoine – Barlow Kepler 3x ED + Télescope Sky-Watcher Newton 200/1000 + Caméra ZWO ASI-120

L’intérêt des Barlow est double. L’augmentation de la focale de l’instrument permet de diminuer la focale des oculaires. Il est ainsi possible de transformer un 30mm et un 10mm, en respectivement un 15mm et 5mm (avec un modèle 2x). Avec une Barlow vous doublez ainsi « la quantité de vos oculaires » (4 grossissements disponibles avec seulement 2 oculaires).

En astrophotographie planétaire (pas d’intérêt d’utiliser les Barlows en ciel profond) les meilleures photos s’obtiennent avec des rapports d’ouverture (f/D) entre f/30 et f/50 pour capturer les plus fins détails lors des moments où la turbulence atmosphérique est faible.

Autre élément, comme le montre le graphique suivant, la position du foyer par rapport au bord externe de la Barlow fait varier le facteur d’amplification. Jusqu’à 5x pour la Tele Vue x3 et au-dessus de 3x pour les modèles 2x.

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Tele Vue PowerMate

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Photo : Gamme Tele Vue PowerMate : 2x, 2,5x, 4x et 5x

Sur toutes les Barlows la présence d’un doublet négatif (élément divergent) a pour effet de disperser les rayons lumineux et d’allonger le relief d’œil. L’incidence est minime sur des oculaires à courtes focales.  Cependant le déplacement de la pupille de sortie sur des oculaires de longues focales, loin de la position initialement prévue par le concepteur optique de l’oculaire en question, provoque un vignettage décelable. Cet effet est accentué sur les Barlows « courtes » où l’élément négatif est encore plus prononcé. Dans ces cas, les lentilles des oculaires ne sont pas assez larges pour recevoir tout le rayonnement incident.

Cet assombrissement des images sur les bords du champ et l’inconfort qui résulte du déplacement de la pupille de sortie a conduit Al Nagler (fondateur de Tele Vue Optics) à revoir entièrement le concept de la lentille de Barlow. En 1998, les PowerMates 2.5x et 5x au coulant 31.75mm font leur apparition avec comme design optique, un quadruplet. Un doublet négatif à l’entrée d’un tube suivi d’un autre doublet ici positif véritable « correcteur de pupille ».

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Saturne en 2005 par Thierry Lépine – PowerMate Tele Vue 2.5x + Télescope Celestron C14 + Caméra Philips ToUcam Pro

Ce système à 4 éléments fourni l’effet d’amplification traditionnel des Barlow sans ses limitations par la restauration de la direction initiale des rayons lumineux (non divergent comme les Barlows). Les PowerMates sont donc entièrement « transparentes » car sans effet sur la pupille de sortie, avec aussi un contrôle optimal de toutes les aberrations optiques.

Le « redressement » des rayons lumineux apporte aussi la possibilité de réaliser de très grand facteur d’amplification sans vignettage.

Ainsi les PowerMates sont disponibles en 4x et 5x. Les possesseurs de réfracteurs ou Newton trouveront enfin la solution pour la réalisation d’images haute définition. Par exemple un Dobson ouvert à f/5, qui dispose généralement d’une faible obstruction centrale pourra être capable avec un PowerMate x5 de réaliser de belles images des surfaces de Jupiter, Saturne ou Mars. A l’aide d’une bonne optique et d’une caméra « courtes poses » les clichés peuvent être spectaculaires.

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Pour aller plus loin :

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